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Prévention et sécurité

La liste d’épicerie... souvent facile à régler, mais est-ce bien le rôle du comité?
Publié le: 06/06/2017

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La liste d’épicerie, est-ce que cela vous dit quelque chose? Néon brûlé, porte qui ferme mal, extincteur décroché de son support, et quoi encore. Certaines entreprises en comptent un nombre assez important sur leur liste. Il n’y a pas de doute, elles ont bel et bien identifié des problèmes de SST à résoudre, mais est-ce bien le rôle du comité de s’occuper de tous ces problèmes? Comment peut-il espérer améliorer le dossier SST de façon notoire lorsqu’il se laisse étouffer par une pareille liste?

On ne s’en sortira jamais!

Pour 10 problèmes mineurs réglés, on en ajoute une quinzaine. Les membres du comité s’essoufflent, certains quittent n’espérant plus d’améliorations.

La lumière au bout du tunnel

Bien que l’emprise de la liste d’épicerie semble solide, il est possible de s’en dégager. La plupart du temps, elle résulte d’un mauvais partage des rôles en SST. En effet, dans plusieurs entreprises, faute de prise en charge de la SST par les responsables des opérations, le comité tente de régler le plus grand nombre de problèmes possibles à leur place. Malheureusement, une telle approche n’a pour effet que de déresponsabiliser les responsables des opérations et de rapidement surcharger le comité.

Un partage équitable

La performance d’une entreprise en SST est à l’image du travail d’équipe qui y règne. Si chacun prend ses responsabilités, les résultats ne tarderont pas à se faire sentir. Et, qu’on se le dise, cela commence par la haute direction à qui il revient de tracer les orientations et les objectifs à atteindre, de définir ensuite les attentes envers chaque niveau hiérarchique et de contrôler les résultats. Celle-ci est conseillée par un coordonnateur en SST, qui peut l’aider à dresser l’état de la situation et la guider quant aux choix les plus profitables pour l’entreprise. Il peut également fournir aux membres du comité toutes les informations pertinentes pour qu’ils puissent, ensemble, définir les projets sur lesquels ils vont travailler, tout en respectant les attentes et les objectifs de la direction. Le coordonnateur en SST peut également apporter son support aux responsables des opérations et aux superviseurs, en vue de les aider à prendre en charge leurs responsabilités.

Un mandat clair

La plupart du temps, la direction demande à son comité de travailler à deux niveaux : 1) la sensibilisation du personnel à la SST et 2) l’identification puis la résolution des problèmes de SST. Il n’est pas rare de lire, en guise de mandat, un énoncé comme celui-ci : Dans le respect de la politique en SST, le comité participe à la recherche et à l’élimination de dangers potentiels d’accidents du travail par la préparation de recommandations à la direction. De plus, il propose des mécanismes de sensibilisation du personnel, employés et cadres, en vue d’améliorer constamment la SST. Mais attention, un mandat présenté sans plus de détails peut être à l’origine même du problème de la liste d’épicerie! En effet, un superviseur plus ou moins intéressé à s’occuper de SST pourrait interpréter l’énoncé en se disant : Le comité est là pour identifier et résoudre les problèmes de SST. Parfait, je n’ai donc pas à m’en occuper. Si plusieurs personnes partagent cette façon de voir les choses, c’est parti, la liste s’allonge encore et encore. Voyons comment le mandat peut être clarifié.

Le mandat de sensibilisation

Plusieurs membres de comité pensent que la sensibilisation s’adresse uniquement aux employés. Pourtant, le comité est là pour sensibiliser tout le personnel, cadres et employés, à la SST. Il peut le faire à travers les différentes activités qu’il organise comme des journées thématiques en SST, l’affichage de notes ou d’articles traitant de SST sur le babillard, la présentation des résultats en SST de l’entreprise (bons coups et mauvais coups), l’affichage de rappels sur des règles de sécurité à respecter à la suite des incidents, l’organisation de séances d’information et de formation sur des sujets SST, la tenue de concours, le choix et l’installation d’une signalisation efficace sur les lieux de travail, etc.

Toutes ces activités, qui peuvent être réalisées par le comité, servent à augmenter la portée des messages en SST, à véhiculer dans l’entreprise, pour que la préoccupation envers la SST devienne partie intégrante du quotidien. Il ne tient qu’au comité de choisir les activités les plus pertinentes selon les besoins spécifiques de l’entreprise.

Dans certaines entreprises, les efforts de sensibilisation continus peuvent amener les membres du comité à intervenir directement auprès de leurs collègues de travail. Par exemple, un membre du comité de SST aperçoit un employé qui s’apprête à déplacer seul un baril. Il peut alors l’interpeller et lui proposer son aide en lui rappelant les conséquences possibles d’un tel geste. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’exécuter le travail du superviseur ou de jouer à la police, mais bien d’encourager tout le personnel à adopter des méthodes de travail sécuritaires en les incitant, entre autres, à prendre conscience des risques auxquels ils s’exposent.

En ajoutant ces différentes actions à l’énoncé du mandat du comité, le rôle du comité n’est que plus clair aux yeux de tout le personnel.

Le mandat d’identification et de résolution des problèmes de SST

Le comité, par ses fonctions, est appelé à identifier les problèmes en vue de proposer des recommandations. L’erreur la plus fréquente réside dans le fait que les membres du comité veulent tout régler, au point de tenter d’effectuer tout le travail eux-mêmes. Et hop, la liste d’épicerie s’allonge une fois de plus. Il doit être clair que le comité n’est pas là pour régler tous les problèmes de SST. Il se doit plutôt d’agir en complémentarité avec les intervenants de l’entreprise.

Dans le quotidien, cela signifie qu’un problème, plutôt que d’aboutir systématiquement sur la table du comité, devrait avoir été présenté, dans un premier temps, au superviseur du service où le problème a été identifié. À titre d’exemple, un employé qui aperçoit une sortie d’urgence encombrée de matériel devrait, s’il ne peut s’en occuper lui-même, prévenir le superviseur afin qu’elle soit dégagée dans les meilleurs délais.

Une bonne habitude à prendre, si vous êtes membre du comité et qu’un employé vous soumet un problème, est de vérifier immédiatement s’il en a d’abord parlé au superviseur. Si ce n’est pas le cas, si l’employé se sent plus ou moins à l’aise, vous pouvez l’accompagner dans cette démarche ou rencontrer vous-même le superviseur. Dans la mesure où l’employé en a déjà discuté avec le superviseur, vous serez à même d’évaluer la réponse qu’il a obtenue et de déterminer s’il y a lieu d’amener le problème au CSS. Ainsi, tout problème qui peut être pris en charge par le superviseur devrait être réglé par ce dernier.

De plus, pour vraiment épurer votre liste de projets en SST et ne conserver que ceux qui concernent le comité, vous pouvez demander à vos coprésidents, et ce, avant chaque réunion, d’examiner les problèmes soumis au comité et d’évaluer s’il s’agit de problèmes que le superviseur est en mesure de résoudre. Si celui-ci peut les régler, vous devez lui laisser cette responsabilité. Par contre, si certains problèmes tardent à être résolus et que les plaintes se répètent, il est du ressort du comité d’entreprendre des démarches pour les régler. Il peut s’agir d’informer le superviseur de la situation et des attentes de l’entreprise ou de clarifier son rôle en SST versus le rôle du comité. À la limite, son supérieur immédiat peut intervenir auprès du superviseur du secteur concerné dans le but de corriger le problème.

L’important est de ne jamais régler un problème à la place du superviseur. Le comité est là pour l’aider et intervenir dans les problèmes qu’il ne peut résoudre, soit parce qu’ils impliquent des changements considérables, des déboursés importants ou l’embauche de ressources externes.

Le partage des rôles et des responsabilités constitue un grand pas pour que le comité puisse se défaire de la liste d’épicerie. Par contre, qui dit « se défaire de la liste d’épicerie » ne dit pas repousser du revers de la main tout le contenu de la liste. Prenez alors note des problèmes que vous avez confiés aux superviseurs, assurez-vous qu’ils sont en voie d’être réglés, profitez des inspections des lieux de travail et de vos contacts avec les superviseurs pour effectuer un suivi rigoureux, et ce, sans jouer au policier.

Mot de la fin

Rappelez-vous que l’efficacité d’un comité ne se mesure pas à la longueur de sa liste d’épicerie, mais plutôt par sa contribution réelle à l’amélioration de la situation en SST par des réalisations concrètes au sein de l’entreprise.

 

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