Comprendre et neutraliser les dangers SST en été (partie I)

7 juin 2023 par
Jasmin Pilon

L’arrivée du mois de juin a été accompagnée dans le sud du Québec d’une courte période de chaleur accablante, suivie de températures plus clémentes. Cependant, d’autres périodes de ce type – assurément plus longue – sont à prévoir.


Ainsi, les travailleurs et travailleuses qui œuvrent à l’extérieur (construction, excavation, agriculture, etc.) ou qui accomplissent leurs tâches dans des endroits chauds et humides (cuisines, usines, buanderies, etc.) doivent demeurer vigilants vis-à-vis la chaleur accablante et les autres risques présents au cours de ce qui est appelé – parfois de manière paradoxale – la belle saison.


Vous trouverez ci-après des informations essentielles et des références qui aideront les entreprises et les salariés à mieux composer avec la chaleur accablante et l’intensité des rayons UV. D’autres risques (maladie de Lyme, foudre) seront abordés dans une seconde partie, qui paraîtra prochainement. Notez qu’il ne s’agit que de principes généraux, puisque chaque contexte de travail est unique et chaque employé réagit différemment, selon son état de santé ou une condition particulière, par exemple.


Quand la chaleur plombe la SST


La température dite normale du corps humain s’établit à moins de 38 degrés Celsius (°C). Lorsque nous sommes exposés à des sources de chaleur, par radiation (les rayons du soleil) ou convection (air chaud), le rythme cardiaque s’accélère et le processus de transpiration, notamment, permet au corps de maintenir une température stable. On recense généralement trois niveaux de complications directement liées au stress thermique :


  1. Les crampes (souvent aux mollets ou aux mains), qui peuvent constituer un signe avant-coureur de problèmes plus graves.
  2. L’épuisement dû à la chaleur, qui peut entraîner une sudation excessive, des maux de tête, des nausées et, parfois, provoquer un évanouissement.
  3. Les coups de chaleur, qui surviennent lorsque la température corporelle atteint ou dépasse 40 °C. Selon l’INRS, bien qu’ils surviennent rarement, ceux-ci seraient mortels dans 15 à 25 % des cas. Ils peuvent se caractériser, notamment, par une sudation déficiente, des convulsions, des étourdissements et des difficultés d’élocution.


Prévenir et intervenir pour contrer les risques thermiques


Une multitude d’actions sont recommandées, en amont comme en aval, pour contrer les risques d’hyperthermie :


  • S’hydrater avant même d’être exposé à de fortes chaleurs, durant lesquelles on devrait boire 250 millilitres d’eau (fraîche) chaque 20 minutes, sans dépasser 1,5 litre par heure.
  • Être attentifs aux signes de déshydratation – il est souvent difficile pour ceux qui en sont atteints de les reconnaître – et ne pas travailler seul.
  • Porter des vêtements amples de couleur pâle qui couvrent le plus possible le corps et éviter ceux qui emmagasinent la chaleur, tels les imperméables. Parfois encombrants et dotés d’une efficacité discutable, certains vêtements refroidissants peuvent être utilisés afin de diminuer la température corporelle.
  • Anticiper les vagues de chaleur et tenir compte de l’indice WBGT, comme prévu à l’Annexe 5 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail, qui permet de mesurer la perception de chaleur en tenant compte de différents facteurs.
  • Aménager le temps de travail et les tâches en conséquence, incluant des pauses dans des endroits plus frais. Tenir également compte de l’acclimatation : il faut plusieurs jours au corps pour s’habituer aux chaleurs intenses. Ainsi, après une période d’absence, l’exposition à la chaleur devrait être graduelle.
  • Porter une attention particulière aux groupes plus vulnérables à la chaleur : les personnes en surpoids, les femmes (qui transpirent généralement moins que les hommes), les personnes âgées, ceux qui pourraient prendre certains médicaments, ainsi que les jeunes, souvent moins habitués au travail dans des conditions telles.
  • Ne pas laisser les équipements inutilisés au soleil et les mettre à l’arrêt le plus rapidement possible.
  • Ne pas prendre d’alcool, qui favorise la déshydratation. Les boissons sportives contenant des électrolytes peuvent être consommées en quantité raisonnable (souvent diluées avec de l’eau) en cas de sudation extra-abondante, en certains cas (si un travailleur est peu habitué au travail sous de très fortes chaleurs, par exemple).
  • Être attentif à la couleur de l’urine. Une couleur foncée est associée à la déshydratation. Certains employeurs affichent même des tableaux de couleurs pour sensibiliser les employés.
  • Établir une politique et des procédures d’entreprise vis-à-vis le travail sous de fortes chaleurs et former les employés quant aux risques, au moyen de prévention et aux gestes à poser.
  • En cas d’épuisement ou de coup de chaleur, posez rapidement les gestes qui permettront de refroidir le corps (immerger une partie de celui-ci dans l’eau froide, se rendre dans un endroit frais et ombragé, par exemple), faites intervenir les secouristes en milieu de travail et composez le 911.


Pour de plus amples renseignements sur la gestion du travail en période caniculaire, rendez-vous sur la page consacrée de la CNESST, qui comprend plusieurs documents informatifs, dont la plus récente version du guide La planification des travaux en prévision des vagues de chaleur.


Gare aux rayons UV


Les rayons que darde le soleil sont particulièrement dangereux pour la peau et les yeux, a fortiori entre 11 h et 15 h. Selon le CCHST, plus de 1,5 million de travailleuses et travailleurs canadiens sont « exposés au soleil de façon importante ». Ces nombreux salariés, ainsi que leurs employeurs, doivent ainsi porter une attention particulière à l’indice UV, qui précise l’intensité des rayons ultraviolets du soleil, jugée élevée dès qu’elle atteint 6.


Sauver sa peau


Une surexposition au soleil peut provoquer un cancer de même qu’un vieillissement prématuré de la peau. Tous les salariés sont à risque, particulièrement ceux ayant une peau plus claire. Afin de se protéger, il est notamment recommandé :


  • D’aménager les tâches pour réduire le temps d’exposition au soleil, surtout en plein cœur de la journée, en surveillant l’indice UV.
  • De porter des vêtements qui couvrent le plus possible le corps.
  • D’utiliser une crème solaire présentant un facteur de protection solaire (FPS) d’au moins 30.
  • D’examiner sa peau pour détecter l’apparition de taches ou d’irrégularités (qui peuvent se traduire par un mélanome).


Ne vous laissez pas taper dans l’œil


Moins relayés que les risques pour la peau, les risques que comportent les rayons du soleil pour la santé visuelle ne doivent pas pour autant être pris à la légère. Les travailleurs et travailleuses qui œuvrent à l’extérieur sont en effet plus susceptibles de développer des pathologies oculaires liées à une surexposition aux rayons UVA et UVB (cataractes, dégénérescence maculaire, etc.). Pour assurer une protection optimale, l’Association canadienne des optométristes recommande le port de lunettes qui « bloquent entièrement tant les UVA que les UVB » et qui sont « dotées d’une monture enveloppante bien ajustée pour bloquer la lumière ».


Pour en savoir plus sur les bases de la protection solaire, consultez le site du gouvernement du Canada.


D’autres risques à ne pas négliger!


Durant l’été, la chaleur et les rayons du soleil représentent des risques majeurs pour les travailleurs, mais ils ne sont pas les seuls. Le Centre patronal SST publiera sous peu la seconde partie de ce billet, qui examinera les risques liés à la maladie de Lyme et à la foudre.




Note : Le présent article ne se veut pas exhaustif. Il est publié à titre indicatif seulement et ne peut se substituer à l’avis d’un médecin ou d’un professionnel de la santé. Nous vous invitons à les consulter pour tous conseils et recommandations d’ordre médical.