C’est le retour des vacances pour la plupart des membres de vos équipes. Les courriels s’accumulent. Les réunions reprennent. Comme gestionnaires, nous voulons profiter de cette « reprise » pour s’assurer que nos équipes amorcent l’automne du bon pied : motivées, mobilisées et engagées. Toutefois, la pause estivale ne semble pas avoir effacé les irritants qui pouvaient exister précédemment. Ils réapparaîtront alors dès que la pression remontera.
En effet, un climat de travail ne se dégrade pas d’un coup. Il glisse lentement, au rythme de petites tensions qui passent souvent inaperçues. Être en mesure de détecter ces signaux faibles s’avère donc une compétence de gestion fondamentale, au même titre que le suivi des budgets.
Le coût d’un climat de travail fragile
La santé mentale influence directement le rendement des entreprises. Le présentéisme – présence physique sans engagement réel –, par exemple, réduit la productivité et alourdit les charges d’assurance. Plus globalement, les troubles psychologiques coûtent plus de 50 milliards par année à l’économie canadienne, et 1 salarié sur 5 se déclare soumis à un stress élevé au travail. Dans un marché de l’emploi tendu, ignorer le sujet n’est donc pas une option.
3 indicateurs à suivre attentivement
Afin de préserver la cohésion au sein de votre organisation, il est important d’accorder une vigilance toute particulière à trois signaux faibles, mais drôlement révélateurs du climat qui peut régner au sein de vos équipes :
- Les relations crispées (blagues cyniques, échanges minimaux entre les collègues, hausse des silences en réunion).
- Un engagement en berne (moins d’initiatives, réactions défensives, caméras coupées en rencontres virtuelles).
- Une surcharge normalisée (livrables tenus à raison de soirées ou de fins de semaine travaillées, multiplication des absences courtes, commentaires systématiques sur le volume de travail ou sur le manque d’outils pour atteindre les objectifs).
Ces indices ne se trouvent pas dans vos tableaux de bord financiers. Ils se constatent plutôt sur le terrain. Un gestionnaire attentif posera des questions ouvertes, validera les perceptions et agira rapidement sur les causes identifiées.
Conformité et rendement
Depuis 2021, la loi prévoit que les employeurs québécois doivent intégrer les risques psychosociaux à leur analyse de risque. Mais aller au‑delà du minimum règlementaire est plus que rentable, puisque chaque dollar investi en prévention et en santé mentale rapporte 2 $ à 4 $ en gains de productivité et en économies d’assurance. Or, les pratiques gagnantes sont connues : formation des gestionnaires, canaux de rétroaction confidentiels, suivis réguliers du climat d’équipe, etc.
Conclusion – Vigilance continue
La reprise de septembre est le moment idéal pour renforcer votre vigilance. Un climat sain se construit par des interventions rapides et factuelles afin que les irritants ne deviennent pas des incidents. Une organisation qui traite les signaux faibles au même titre que les données opérationnelles protège son capital humain et, ultimement, sa pérennité.
À l’instar des tsunamis, des signes annonciateurs plus ou moins subtils précèdent les secousses organisationnelles. Ne vous laissez donc pas submerger, et voyez-y dès maintenant, car il est toujours possible (et beaucoup plus profitable) d’agir en amont.