Nouvelles technologies et SST : les parutions saillantes de 2022

30 novembre 2022 par
Jasmin Pilon

L’accélération des innovations technologiques et leurs applications de plus en plus concrètes en SST ne touchent pas toutes les industries et entreprises de manière homogène. Cela dit, ces avancées sont appelées à se démocratiser avec le temps. Par exemple, l’OCDE prévoit que d’ici 20 ans l’intelligence artificielle sera mobilisée dans près d’un emploi sur trois.


Les nouvelles technologies utilisées en SST jouent déjà des rôles importants, mais peuvent poser à l’occasion des enjeux considérables. Ainsi, il est préférable de ne pas les implanter de manière précipitée. Afin de mieux appréhender les innovations technologiques qui ont trait à la SST, nous vous proposons ci-après quelques parutions saillantes qui ont ponctué l’année 2022, qu’elles viennent du Québec, de France ou d’ailleurs dans le monde.


Industrie 4.0 : des robots pour collègues ? (Revue PLAN)


L’Ordre des ingénieurs du Québec a publié au printemps dernier une édition de sa revue bimestrielle PLAN dans laquelle on retrouve un article proposant un tour d’horizon des principaux défis SST qu’entraînent les relations de proximité entre les robots et les humains. Il présente dans la foulée des solutions permettant d’encadrer l’action des robots (appelés dans ce cas-ci cobots, ou robots collaboratifs), qui comportent notamment des risques de chocs pour les travailleurs, et d’autres liés à l’isolement qu’engendre l’omniprésence de ces collègues plutôt atypiques pour l’heure.


État de l’art sur les technologies actuelles facilitant une gestion thermique intelligente dans les équipements de protection individuels (IRSST)


Dans un article à la fois ciblé et exhaustif, des chercheurs de l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) se sont penchés sur les textiles intelligents, qui permettent de protéger les travailleurs et les travailleuses par leurs propriétés thermorégulatrices. Leur étude synthétise les connaissances actuelles sur ce type d’équipement de protection individuel (EPI) mis à disposition par les fabricants et offre une analyse s’appuyant sur quatre facteurs clés : la détection du stress thermique en temps réel, le capteur de température, l’actuateur chauffant ainsi que l’actuateur refroidissant. Un article essentiel pour toute entreprise qui envisage l’utilisation d’EPI tels, et celle qui le fait déjà.


Robotique collaborative : enjeux de santé et de sécurité au travail (INRS)


Un autre article traitant des enjeux de SST liés à la robotique collaborative est proposé par l’INRS (France). Il examine notamment comment les cobots peuvent prévenir les troubles musculosquelettiques en mettant à contribution les meilleurs attributs du travailleur (jugement, réactivité) et du robot (force, rapidité), tout en minorant potentiellement les risques mécaniques de cette coopération (grâce à la détection des contacts, par exemple).


Selon les particularités du tissu économique, il est indiqué qu’un nombre important d’emplois pourraient être automatisés au cours des prochaines années (plus de 50 % au Japon, par exemple), bien que la mise en œuvre concrète du cobot dans un environnement de travail partagé puisse s’avérer des plus complexes et comporter un degré de risque encore élevé pour l’instant.


Intervenir avec les exosquelettes (Parlons peu, Parlons Ergo !)


Intervenir avec les exosquelettes est non pas le titre d’un article, mais celui d’une baladodiffusion proposée par l’équipe de Parlons peu, Parlons Ergo !, une émission française consacrée à l’ergonomie. Pour l’occasion, plusieurs spécialistes de terrain ont été invités afin de déconstruire certains mythes et d’aborder les enjeux liés à l’utilisation des exosquelettes en entreprise : conception, perceptions, bénéfices, limites, etc.


Intégrer la SST dans l'évaluation des risques de cybersécurité (EU-OSHA)


Il pourrait être facile de croire que les cyberattaques ne déstabilisent que les systèmes informatiques ou électroniques et sont sans conséquences pour les salariés. Or, les risques pour la santé-sécurité des travailleurs et travailleuses sont multiples et représentent une menace tant pour l’intégrité physique que psychologique.


Un document de réflexion (offert en format PDF en anglais seulement) de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail met ainsi en relief les conséquences des risques de cybersécurité sur la santé des individus. Un pirate provoquant une défaillance sur une chaîne de montage ou des instruments de mesure des contaminants peut, par exemple, compromettre la santé physique des ouvriers. De même, la fuite de données d’une entreprise peut entraîner une dégradation de la santé mentale des individus touchés. Le travail à distance, la connectivité des appareils utilisés de même que la négligence ou les erreurs humaines sont autant d’éléments à considérer afin de prévenir tout type de cyberrisque.


Comment la connectabilité oriente l’avenir des EPI et crée des programmes adaptables et proactifs (OH&S)


La capacité des technologies à récupérer, à gérer et à permettre l’analyse de larges volumes de données SST probantes offre un potentiel inestimable aux gestionnaires et aux préventionnistes. Cet article – proposé uniquement en anglais, mais aussi disponible en traduction automatique en français – du magazine américain Occupational Health & Safety (OH&S) résume de manière ordonnée les caractéristiques des données SST selon trois grandes catégories de provenance (les travailleurs eux-mêmes, les lieux de travail et les séquences de travail) et les avantages que procurent les technologies (rapidité de traitement, visualisation améliorée de situations de travail, etc.).


S’adapter au monde de demain, et d’aujourd’hui


Les parutions énumérées ci-dessus font état des applications concrètes et problématiques d’implantation des nouvelles technologies en santé-sécurité, mais ne couvrent pas l’ensemble des bénéfices et enjeux liés à leur utilisation. Par exemple, les environnements de plus en plus connectés ou robotisés peuvent rebuter (parfois à raison!) certains salariés : plus de 15 % des travailleurs européens et brésiliens seraient opposés aux EPI intelligents selon une étude publiée en 2022.


En revanche, ce type d’environnement pourrait aussi s’avérer un facteur d’attraction, en contexte de pénurie ou de vieillissement de la main-d’œuvre, en misant notamment sur le potentiel des cobots et exosquelettes à réduire la pénibilité des tâches et les risques de lésions professionnelles, rendant plus attirants certains postes ou, par ailleurs, en assurant une plus grande sécurité aux travailleurs isolés, grâce aux EPI connectés.