« L’homme et sa sécurité doivent constituer la première préoccupation de toute aventure technologique. » – Albert Einstein
Cette année encore, le Centre patronal SST vous offre une sélection d’articles saillants parus au cours des 12 derniers mois qui traitent de santé-sécurité dans une optique technologique. Ils vous permettront de parfaire vos connaissances et de mieux anticiper les changements appelés à intégrer vos environnements de travail.
La virtualisation des communications en contexte de travail hybride : un effet d’entraînement ou de réduction des comportements hostiles ? (CIRANO)
Professeure à HEC Montréal et membre du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), Sylvie St-Onge a cosigné un article qui analyse la manière dont les technologies influent sur les comportements des travailleurs et peuvent favoriser le harcèlement textuel, les cyberagressions, le cyberharcèlement et les provocations (troll).
S’appuyant sur des entretiens avec des spécialistes issus des domaines du droit et des ressources humaines, ainsi que des consultants et des enquêteurs, l’étude souligne entre autres :
- La multiplication des canaux favorisant les comportements hostiles.
- La possibilité pour les victimes de colliger les preuves de comportements abusifs.
- L’opacité et les subtilités pouvant masquer les agressions et les incivilités.
Comme le fait remarquer l’auteure, le travail à distance – qui exacerbe parfois les comportements irrationnels – peut réduire la capacité des gestionnaires à entrevoir et à pacifier les relations virtuelles inciviles entre collègues.
Métavers au travail : que peut-on en attendre ? (The Conversation France)
Plusieurs études confirment une corrélation entre le travail à distance et le sentiment de solitude. Les métavers professionnels pourraient-ils alors résorber ce phénomène, tout en consolidant le sentiment d’appartenance à l’organisation?
Les métavers sont des mondes virtuels dans lesquels les salariés interagissent via des avatars, parfois au moyen d’appareils de réalité virtuelle. Sur le média The Conversation France, un chercheur s’est notamment penché sur la gestion de l’image personnelle en contexte professionnel, les bienfaits potentiels pour les salariés, les limites ainsi que les contextes d’utilisation.
Travailler dans le métavers : quels sont les risques ? (CES)
Pour aller un peu plus loin dans la compréhension des métavers professionnels, le Centre indépendant de recherche et de formation de la Confédération européenne des syndicats (CES) propose une revue de la littérature synthétisant les risques que présentent les environnements virtuels et la réalité étendue pour les salariés, qu’ils soient :
- Physiques (proximité et surexposition à la lumière bleu-violet, nausées, etc.)
- Ergonomiques (posture, mouvements et poids des appareils)
- Sécuritaires (chocs avec l’environnement non virtuel, difficultés physiques après utilisation, etc.)
- Biologiques (bactéries présentes sur les casques de réalité virtuelle)
- Psychosociaux (perception de la charge de travail, frustration, anxiété, etc.)
Qu’est-ce que l’intelligence artificielle (IA) ? / Étude des impacts de l’IA sur le travail (ISO, LaborIA)
Acquérir des notions de base en matière d’intelligence artificielle fait partie de vos résolutions pour la nouvelle année? Nous avons trouvé pour vous deux articles qui, lus concomitamment, permettront une mise à niveau rapide pour mieux envisager les enjeux de l’IA sur le monde du travail.
D’abord, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) a publié un texte qui explique le fonctionnement de l’IA et définit certains termes (IA forte ou faible, générative, classique, etc.), en plus de préciser ses applications actuelles (apprentissages machine et profond) et potentielles.
Ensuite, une étude menée par un laboratoire de recherche-action fondé par le ministère du Travail et de l’Emploi, en France, résume les risques et les avantages de l’IA pour les entreprises et la santé-sécurité des travailleurs. Ce dualisme comprend à la fois, par exemple, une confiance démesurée ou un sentiment de dépossession vis-à-vis des (sur)capacités de l’IA, de même qu’une prévention accrue des lésions professionnelles et un plus grand sentiment d’autonomie dans la gestion de l’IA. Le rapport met également en avant une série de recommandations visant le compromis et favorisant la participation active des salariés avant même l’implantation des systèmes d’IA, et la prise en compte des rétroactions après leur déploiement.
Intelligence artificielle et bien-être des travailleurs : principes et bonnes pratiques pour les développeurs et les employeurs (Journal of Occupational Health)
Publié sur la plateforme de recherche des presses de l’Université Oxford, cet article dresse un inventaire des avancées technologiques – et de leur potentiel – qui s’appuient sur l’intelligence artificielle afin de prévenir les lésions professionnelles. On compte notamment parmi celles-ci :
- Le diagnostic, la classification et l’évolution des maladies professionnelles chez les salariés à partir de l’analyse d’imagerie médicale.
- L’utilisation de données biométriques des exosquelettes (générées entre autres par des réseaux neuronaux artificiels) et des équipements de protection individuels (bottes, casques, etc.) afin de détecter des risques non pris en compte par les humains et de s’adapter en temps réel aux différentes situations.
- Le recours à la vision par ordinateur pour identifier les risques professionnels (température corporelle des employés, équipement non sécurisé, accès aux zones à risque, etc.).
- L’apport des drones dans le secteur de la construction afin d’obtenir – sans mettre en péril la vie des travailleurs – et de générer des données en temps réel quant au respect des protocoles de sécurité et aux risques et particularités du terrain.
Identification en laboratoire des éléments essentiels au processus d’intégration sécuritaire de cellules cobotiques (IRSST)
Un rapport scientifique de l’IRSST s’est penché sur le rôle central que jouent les intégrateurs dans la conception et le déploiement sécuritaire de cellules de robotique collaborative (aussi appelée cobotique).
Cette étude rigoureuse, qui note que la croissance de ce secteur atteint 15 à 20 % par année, s’est appuyée sur une classification de la nature des relations entre le robot collaboratif et le travailleur, en cinq catégories : 1) la collaboration directe en alternance, 2) la collaboration directe d’assistance, 3) la collaboration indirecte séquentielle, 4) la collaboration indirecte parallèle, et 5) le partage d’espace occasionnel sans collaboration (définies aux pages 29-30).
Les figures 28 et 29 (pages 113-114), qui modélisent les facteurs de variabilité essentiels à considérer pour une application collaborative, font partie des éléments marquants de ce rapport.
Surveillance en milieu de travail et bien-être des salariés (Social Currents)
La surveillance étroite et systématique effectuée par certains employeurs sur les travailleurs peut être lourde de conséquences pour ces derniers, soumis à des veilles multiples : courriels, géolocalisation, frappes sur clavier, historique de navigation Web, etc. Pour comprendre ce phénomène, trois universitaires canadiens ont sondé plus de 3 500 employés. Entre autres, les chercheurs démontrent qu’il existe une proximité entre le sentiment d’être surveillé et la détresse psychologique, ainsi que le manque de satisfaction au travail.
Apprivoiser les technologies de demain et d’aujourd’hui
Bon nombre d’innovations technologiques permettent déjà de réduire la pénibilité et la monotonie des tâches, ainsi que les risques de lésions professionnelles. Cependant, la vigilance doit toujours être de mise afin qu’elles puissent profiter tant aux employeurs qu’aux salariés. Parallèlement, la résistance aux changements technologiques doit aussi être considérée, a fortiori lorsqu’il s’agit d’avancées fortes de capacités surhumaines et d’autonomie.
Rendez-vous l’an prochain pour un nouvel inventaire des meilleurs articles scrutant les évolutions technologiques destinées à mieux sécuriser les environnements de travail et à protéger les salariés qui y œuvrent.