Une bonne formation, c’est quoi, au juste?

Par Louise Neveu, CRHA 
et Nadia Rabouin, CRHA, MBA

Hiver 2023-2024 (vol. 39, no 3)

Qu’est-ce qui fait que l’on sort d’une formation en se disant « j’ai compris », « je sais quoi faire », « c’était super! » alors qu’en d’autres circonstances on a l’impression d’avoir perdu notre temps? 


La formation peut se définir comme une activité organisée qui vise à transmettre à une personne des connaissances, des compétences ou des habiletés, ou à modifier son comportement (CSA Z1001). Il s’agit d’une pratique essentielle, car elle offre de nombreux avantages, tant pour les employés que pour les entreprises : amélioration des compétences, motivation et engagement, adaptation aux changements, augmentation de la productivité, conformité aux normes et règlements, possibilités d’avancement et de promotion, etc.


Mais à quoi reconnaît-on une formation de qualité? Voici quelques critères que nous vous proposons de considérer pour apprécier une formation.



Une question d’objectifs…


En premier lieu, la formation doit contenir des objectifs clairement définis et alignés sur les besoins d’apprentissage recherchés, tout en étant pertinente vis-à-vis les connaissances et les compétences visées par les apprenants. Comme les adultes ont généralement plus de maîtrise sur leurs apprentissages, ils sont plus susceptibles de s’engager activement s’ils voient la pertinence, la valeur et le sens de ce qu’ils apprennent.


En fait, ils sont plus souvent motivés lorsque les nouvelles connaissances sont transposables immédiatement dans leur milieu de travail ou permettent de faire progresser leur carrière ou leur situation professionnelle. D’autres y trouvent leur compte simplement par intérêt personnel. La motivation en regard à la formation sera très différente selon ce qu’un salarié a en tête : « Je suis ici parce qu’on m’a dit de venir », ou : « Je suis présent parce que je veux apprendre, ça m’intéresse! ». En d’autres mots, un participant qui s’engage dans un processus d’apprentissage doit reconnaître le bien-fondé de la formation.


Ainsi, lorsque vient le temps de choisir une formation, il ne faut pas hésiter à poser des questions, à demander une description écrite de celle-ci (objectifs, contenu, déroulement, etc.) et à faire part de conditions particulières présentes au sein de votre entreprise. Songez aussi à vérifier auprès de la Commission des partenaires du marché du travail que l’organisme formateur est inscrit en bonne et due forme.


Également, n’hésitez pas à rencontrer l’organisme de formation avant les séances. Ce moment d’échange est une occasion précieuse. Cela permet d’expliquer le contexte de votre demande et d’établir les conditions de succès. Le formateur sera mieux à même d’appliquer et d’adapter son approche andragogique


Enfin, il ne faut pas perdre de vue l’importance de bien circonscrire les objectifs et de les communiquer aux participants et aux gestionnaires, et ce, avant la formation. Il s’agit d’un élément essentiel de son succès. Un apprenant apprécie particulièrement de savoir ce que l’on attend de lui et se montre plus volontaire vis-à-vis l’apprentissage quand les objectifs de la formation ont un sens pour lui.


Les diverses étapes ainsi que les activités prévues doivent aussi être expliquées et être mises en contexte avec les objectifs. 


Il importe donc, dès le début de la séance, de prendre connaissance des attentes des participants, et d’établir un lien avec les objectifs. Des attentes qui ne correspondent pas aux objectifs doivent clarifiées dès le début afin d’éviter les déceptions et le ressentiment.


… de contenu…


Une formation de qualité se reconnaît également par son contenu pertinent et à jour. Cela est d’autant plus vrai dans les milieux qui évoluent rapidement, comme en santé et sécurité du travail, où les changements légaux, règlementaires et normatifs sont monnaie courante. Elle doit également :


  • Être bien structurée.
  • Dotée d’une présentation logique.
  • Présenter les difficultés à surmonter de manière graduelle. 
  • Être adaptée au public cible.
  • Inclure des exemples concrets tirés d’expériences de travail près de la réalité des apprenants. 


L’adulte apprend mieux lorsque les apprentissages sont basés sur des problèmes concrets et lorsqu’il peut appliquer rapidement les savoirs dans une situation réelle de travail. Dans ce cas, les formations qui proposent des ateliers pratiques permettent une meilleure consolidation des acquis.


Les méthodes d’apprentissage utilisées tout au long de la formation revêtent aussi une grande importance. Elles doivent favoriser l’interaction et la collaboration. Les discussions, le partage d’expériences, les ateliers de réflexion, les plénières de discussion et les ateliers pratiques constituent des exemples.


Il est aussi à noter qu’une bonne formation dispose de ressources matérielles appropriées sur lesquelles les apprenants pourront s’appuyer et se référer par la suite. 


À travers le processus de formation, il est important de garder en tête les sept principes d’apprentissage chez l’adulte issus de la norme CSA Z1001, illustrés dans le tableau ci-dessous.


Tableau 1. Les sept principes d’apprentissage chez l’adulte en milieu de travail


Principe d’apprentissage
Commentaires/explications

1.

Avoir la motivation et l’intérêt d’apprendre.

  • L’adulte en milieu de travail doit avoir le goût d’apprendre. Le formateur doit donc susciter cet intérêt en mettant l’accent sur les objectifs visés et l’importance d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences pour améliorer sa situation professionnelle. C’est également par l’utilisation de stratégies d’apprentissage efficaces que le formateur peut stimuler le désir d’apprendre.

2.

Voir le besoin que l’apprentissage peut combler.


  • L’adulte en milieu de travail doit reconnaître le bien-fondé de la formation et de ses objectifs. Il doit être en mesure de constater le « côté pratique » de la formation et comment celle-ci peut l’aider concrètement dans son travail. 
  • L’adulte qui apprend n’aime pas perdre son temps. C’est pourquoi le formateur doit rendre la formation concrète et utile. Pour ce faire, il aura avantage à s’inspirer d’exemples réalistes afin que les notions soient applicables immédiatement. 

3.

Apprendre en faisant, en exécutant.

  • L’adulte en milieu de travail apprend en exécutant, par la pratique, dans un cadre de partage avec ses pairs. Il a besoin de mettre en pratique ses apprentissages pour en apprécier le bien-fondé. Le formateur doit donc permettre des occasions de mettre en pratique les compétences nouvellement acquises, à l’aide d’ateliers de travail, par exemple.

4.

Apprendre en solutionnant des situations ou des problèmes réalistes.

  • L’adulte qui apprend doit pouvoir s’appuyer sur ce qu’il sait déjà. Ses connaissances et habiletés doivent être reconnues et servir de base pour l’acquisition de nouvelles compétences. Il doit avoir l’occasion de progresser en solutionnant des problématiques réelles. Le formateur doit donc permettre des occasions de mise en pratique et mettre les apprenants devant des situations concrètes.

5.

Mettre l’apprenant dans un contexte positif à l’apprentissage.

  • Le participant est influencé par ses expériences d’apprentissage antérieures. De plus, il n’aime pas être mis en situation d’échec. Il apprend mieux lorsqu’il se sent respecté. Le formateur doit aussi reconnaître les compétences des apprenants et valoriser leur expérience.

6.

Favoriser l’apprentissage en situation informelle.

  • L’adulte en milieu de travail apprend mieux lorsque l’environnement de formation est informel, permet d’échanger sur des problématiques concrètes et donne l’occasion de discuter de solutions possibles.
  • Pour ce faire, le formateur doit être souple dans le déroulement de la formation et encourager la participation, au moyen de discussions et d’ateliers.

7.

Être guidé dans l’apprentissage.

  • L’adulte qui apprend apprécie qu’on le guide dans les apprentissages, et non qu’on lui dise quoi faire. Il a besoin d’être appuyé positivement. Pour ce faire, le formateur doit fournir des explications qui soutiennent la « bonne démarche » ou la « bonne façon de faire ». Un adulte en milieu de travail ne se contente pas de se faire montrer, il a besoin de comprendre pour s’ajuster.



Par ailleurs, il est essentiel que le formateur soit disponible pour répondre aux interrogations lors de l’activité d’apprentissage. Autrement, il doit s’engager à effectuer des recherches et à communiquer rapidement les réponses aux participants. Il doit aussi fournir un soutien particulier à ceux et celles qui éprouvent des difficultés, et offrir de la reconnaissance de manière à souligner les bons coups et les acquis. 


… et de qualité d'animation


La qualité de l’animation est sans aucun doute l’un des éléments clés d’une bonne formation. Le formateur ou la formatrice doit assurer le bon déroulement des séances par la maîtrise des trois paramètres suivants :


1. Le climat

  • Faire preuve de présence et d’écoute.
  • Créer un climat de collaboration.
  • Utiliser le renforcement, le remerciement ou le recadrage.
  • Rassurer les participants, au besoin.
  • Offrir de la rétroaction, etc.

2. Le contenu

  • Démontrer sa connaissance du contenu.
  • Donner des réponses claires et adéquates.
  • Faire des rappels, des résumés.
  • Donner des exemples pertinents.
  • Anticiper les questions.
  • Réagir rapidement aux questions et aux préoccupations des participants.
  • Proposer des analogies, donner des exemples frappants.
  • Insister sur les éléments clés.
  • S’ajuster en cours de route, etc.

3. Les règles de fonctionnement

  • Respecter l’horaire.
  • Ramener aux objectifs, à l’ordre.
  • Rappeler les règles du groupe au besoin, etc.

Le succès d’une formation repose sur les habiletés de l’animateur à mettre en place les conditions gagnantes d’un climat d’apprentissage dynamique. Son rôle ne se limite pas à transmettre des informations et à faire parler les participants. Il facilite et encourage la participation et le partage d’expériences, il questionne et clarifie les idées, il donne de la rétroaction et maintient l’attention des participants. 

 

Évaluer les acquis des apprenants


De plus en plus d’organisations demandent une évaluation des acquis des apprenants à la fin de la formation. Cette évaluation peut être menée de diverses façons selon le type de formation : examen oral ou écrit, exercices pratiques, démonstration de raisonnement, réponses aux questions en cours de formation, etc. Elle permet notamment de préciser le degré d’acquisition des savoirs, les éléments pouvant rapidement être mis en application et le soutien postformation requis.


L’encadrement et le soutien offerts par l’organisation après la formation faciliteront la transposition des connaissances, des compétences et des habiletés acquises. De plus, il permettra à l’apprenant de valider son processus et d’acquérir une plus grande confiance à s’acquitter de nouvelles responsabilités.


En conclusion


La formation constitue un investissement important, tant du point de vue des ressources humaines que du fonctionnement de l’organisation. Vos besoins et objectifs doivent être communiqués et expliqués à l’organisme formateur.


La bonne collaboration entre les organisations et le formateur sont très souvent des gages de succès. N’hésitez pas à transmettre les informations qui permettront de mieux cerner le contexte et les façons de faire de votre milieu, de même que les réticences potentielles des participants. Assurez-vous que des segments pratiques soient inclus, que les notions transmises soient à jour et que la formation ait lieu dans un endroit propice aux apprentissages. 


La bonne préparation d’une formation requiert du travail et une réelle collaboration entre les deux parties. C’est le point de départ de toute transmission de savoirs réussie.

Louise Neveu, CRHAConseillère et formatrice en SST

Louise Neveu possède une longue expérience en SST. Elle a notamment travaillé pour les Imprimeries Québecor, la Ville de Montréal, et les firmes Aon et Momentum Santé et Sécurité, à titre de consultante, en plus d’avoir œuvré, entre autres, dans les domaines de l’agroalimentaire, des pâtes et papiers, de la sidérurgie et de la santé. Elle détient un baccalauréat de l’Université de Montréal (concentration en santé-sécurité) ainsi qu’un diplôme de deuxième cycle en gestion stratégique de la santé-sécurité de l’Université de Sherbrooke. 

Nadia Rabouin, CRHA, MBADirectrice – Formation et expertise

Nadia Rabouin cumule près de 20 années d’expérience en entreprise dans des postes de gestion, de développement et d’optimisation (outils et ressources), de conseil et de direction. Titulaire d’un MBA de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, elle s’est jointe au Centre patronal SST en 2022.