Comprendre et neutraliser les dangers SST en été (partie II)

3 juillet 2023 par
Jasmin Pilon

Après avoir abordé dans le précédent volet de cette chronique les risques que posent la chaleur accablante et les rayons UV pour les travailleurs et les travailleuses, nous complétons ici cet inventaire (non exhaustif) en examinant la maladie de Lyme, propagée par les tiques, et les dangers de la foudre.


Reconnaître et prévenir la maladie de Lyme


La maladie de Lyme, qui tire son nom d’une petite ville du Connecticut où l’on a recensé pour la première fois (dans les années 1970) une grappe d’individus manifestant des symptômes, peut se transmettre par la piqûre d’une tique porteuse de la bactérie Borrelia burgdorferi.


Aucun vaccin n’est pour l’instant disponible pour contrer cette maladie. Il incombe au travailleur de démontrer qu’il a effectué un travail menant à une contamination par ladite bactérie pour bénéficier de la présomption de maladie professionnelle à l’égard de la parasitose (voir l’Annexe A du Règlement sur les maladies professionnelles). Les personnes œuvrant en extérieur, principalement dans les domaines forestiers, agricoles ou de l’aménagement paysager, sont particulièrement à risque de piqûres.


Dans un boisé ou un jardin près de chez vous


Les tiques évoluent en quatre stades, passant de l’œuf, à la larve, à la nymphe et à la forme adulte. Les nymphes sont essentiellement présentes en saison estivale. On les retrouve dans des endroits humides – elles ont une aversion pour le soleil – tels les boisés, les amoncellements de feuilles mortes, les herbes hautes, les jardins, etc. En raison de leur plus petite taille (la grandeur d’une graine de pavot), les nymphes sont plus difficiles à détecter, ce qui les rend particulièrement dangereuses. Cela étant, toutes les tiques ne sont pas infectées. Selon les régions, la proportion de tiques porteuses peut varier de 10 % à plus de 40 %.


Au Québec, les tiques se retrouvent principalement dans le sud de la province, surtout dans la région de l’Estrie. Plus de 700 cas de piqûre ont été dénombrés en 2021. Or, selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies américains (CDC), les cas réels de piqûre de tique seraient environ 10 fois supérieurs au nombre de cas recensés.


Comment limiter les risques de piqûre et les complications?


Comme pour plusieurs autres maladies, la prévention et la détection précoce demeurent les meilleurs moyens de gérer les risques de piqûre. Par exemple, il est rare de développer la maladie de Lyme lorsqu’une tique est correctement retirée 24 heures (ou moins) après la piqûre.


Parmi les symptômes de la maladie, on note la fièvre, les éruptions cutanées, la fatigue, des rougeurs à la peau (qui touchent 70 à 80 % des personnes infectées) et les étourdissements. Les cas plus sévères, souvent non diagnostiqués ou non traités par antibiotiques, incluent de l’arthrite, des palpitations et des atteintes au système nerveux.


Pour limiter les risques, avant de vous aventurer dans des lieux favorables à la présence de tiques :


  • Évitez les sandales et optez plutôt pour des chaussures fermées.
  • Portez des vêtements de couleur pâle.
  • Réduisez la possibilité que les tiques accèdent à votre peau (à vos chevilles, entre autres) en remontant vos chaussettes par-dessus votre pantalon, et en y rentrant votre chandail.
  • Restez dans les sentiers balisés, en demeurant au centre le plus possible.
  • Pensez à limiter le temps passé dans cet environnement, en évitant les tâches qui peuvent autrement être effectuées dans des lieux plus sûrs.
  • Utilisez un chasse-moustique à base d’icaridine ou de DEET, en suivant les indications sur le contenant.
  • Considérez le port de vêtements traités à la perméthrine.
  • Sensibilisez et formez les employés à la prévention et aux gestes à poser.
  • Mettez à disposition une trousse contenant le nécessaire pour intervenir après une piqûre (tire-tique, tampons alcoolisés, etc.).


Après avoir fréquenté des lieux susceptibles d’abriter des tiques :


  • Examinez attentivement toutes les parties de votre corps.
  • Inspectez également le matériel utilisé pour ne pas ramener de tiques avec vous.
  • Prenez une douche rapidement afin de vous départir des tiques qui seraient toujours présentes sur votre corps, mais qui ne vous auraient pas encore piqué.
  • Mettez à la sécheuse (au moins 10 minutes à température élevée) les vêtements portés afin de tuer toute tique qui s’y trouverait potentiellement.


Si vous constatez une piqûre :


  • Retirez sans tarder la tique au moyen d’un tire-tique (idéalement) ou d’une pince à épiler non biseautée – et non de vos doigts –, à partir de la base, sans toucher à l’abdomen du parasite, en prenant soin de ne pas l’écraser (ce qui décuple les risques de transmission) et en évitant les mouvements brusques. Retenez aussi qu’il est fréquent que ce qui semble être la tête de cet acarien demeure dans la peau; cela n’est pas inquiétant et il est possible de retirer les résidus avec une pince. Une vidéo de Santé Canada indique comment retirer une tique en toute sécurité.
  • Lavez ensuite la partie touchée avec du savon ou utilisez un désinfectant, et faites de même pour vos mains.
  • Conservez la tique dans un contenant hermétique, au réfrigérateur, dans l’éventualité d’un rendez-vous médical.
  • Composez le 811 (service Info-Santé) pour toute question et/ou consultez un professionnel de la santé, qui pourra au besoin prescrire un traitement antibiotique.
  • Sachez que les symptômes de la maladie se manifestent en moyenne 7 jours après la piqûre, mais qu’ils peuvent survenir jusqu’à 30 jours après celle-ci.


Pour de plus amples informations sur la maladie de Lyme, rendez-vous sur la page des gouvernements québécois et canadien, celle de l’Association québécoise de la maladie de Lyme, et reportez-vous aux outils trilingues de l’INSPQ, qui offre aussi une formation interactive gratuite en ligne sur la prévention des piqûres.


Échapper aux foudres de dame Nature


Au Canada, la foudre tue chaque année 2 à 3 personnes et en blesse quelque 180 autres. Or, il ne suffit pas d’être atteint directement par la foudre pour en subir les conséquences – parmi lesquelles on compte les brulures, les arrêts respiratoires et les invalidités permanentes –, puisque tout individu se trouvant près du point d’impact est aussi à risque.


En présence de cellules orageuses, aucun endroit extérieur n’est pleinement sécuritaire. Cette réalité touche particulièrement les travailleuses et travailleurs œuvrant dans les secteurs de la voirie, de la construction (sur les toitures, entre autres), de la réparation d’installations énergétiques, les sauveteurs, le personnel de piste des aéroports, ainsi que les ouvriers de l’agroalimentaire.


Anticiper les systèmes orageux et s’y préparer


Plusieurs actions doivent être menées bien avant qu’un orage se manifeste afin d’éviter d’être atteint par une décharge électrique ou de se trouver à proximité :


  • Préparer un plan d’évacuation et de communication interne (procédures, désignation des lieux sécuritaires, etc.) – cela fait partie des obligations de l’employeur en vertu de l’article 51 (par. 3, 5, 6 et 9) de la Loi sur la santé et la sécurité du travail – et former le personnel quant aux risques et au protocole à respecter.
  • Réaménager l’horaire (tâches, emplacements) pour éviter que les employés soient exposés à la foudre.
  • Suivre de près les bulletins et alertes météorologiques, notamment celles transmises par Environnement Canada.
  • Être attentif aux signes avant-coureurs : nuages sombres, chute brusque des températures, vents plus intenses. Il est possible de recourir à un détecteur de foudre portable, à titre indicatif, en se rappelant que ces appareils ne sont pas fiables dans tous les cas.


À l’approche des éclairs, et ce, dès que vous entendez le tonnerre, mettez-vous à l’abri dans un bâtiment fermé muni d’une plomberie et de filage électrique traditionnel (les tentes et aménagements sommaires ne constituent pas des protections véritables), qui pourront absorber toute décharge. Une fois à l’intérieur :


  • Éloignez-vous des fenêtres.
  • N’utilisez pas les lignes téléphoniques fixes ou tout autre appareil électrique branché.
  • Ne touchez pas aux objets conducteurs (plomberie, éléments électriques, etc.).


Si vous ne pouvez atteindre un tel bâtiment :


  • Réfugiez-vous si possible dans un véhicule possédant une carrosserie en acier, en remontant les fenêtres, en fermant les portes et en prenant soin de ne pas toucher au volant.
  • Éloignez-vous des lieux surélevés, des grands espaces et des plans d’eau, ainsi que des objets de grande taille (tracteurs, grues, antennes, etc.) ou métalliques, telle une clôture.
  • Privilégiez les espaces creux (en restant vigilant quant aux risques d’inondation), évitez les rassemblements et les arbres isolés.
  • En espace découvert, faites-vous le plus petit possible, en vous accroupissant et en ne laissant que vos pieds (joints) toucher au sol.


Afin de venir en aide à une victime de la foudre :


  • Composez le 911 au moyen d’un téléphone portable, qui ne pose aucun danger dans cette situation, pour autant qu’il ne soit pas branché à une prise.
  • Après, considérez les risques toujours présents avant de porter assistance à la victime. Il pourrait en effet être plus prudent de la déplacer dans un endroit sécuritaire avant de poser les gestes de secours. Notez que l’on ne court aucun risque à toucher une personne ayant été électrocutée.
  • Vérifiez ensuite son pouls. Une personne compétente pourrait être amenée à effectuer une réanimation cardiorespiratoire (en utilisant au besoin un défibrillateur, si cela est disponible).


Enfin, avant de reprendre ses activités, il est recommandé d’attendre au moins 30 minutes après avoir entendu le tonnerre pour la dernière fois.


Pour en savoir plus sur la gestion des risques d’exposition à la foudre, consultez les sites Web de la CNESST, du CCHST et du gouvernement du Canada.




Note : Le présent article ne se veut pas exhaustif. Il est publié à titre indicatif seulement et ne peut se substituer à l’avis d’un médecin ou d’un professionnel de la santé. Nous vous invitons à les consulter pour tous conseils et recommandations d’ordre médical.