Dans une pièce de Shakespeare, le héros tragique Hamlet lance cette célèbre citation : « Être ou ne pas être, telle est la question. » Or, en matière de gestion, il ne s’agit pas de se demander s’il faut faire preuve de leadership ou non. La vraie question est plutôt de savoir si l’on exerce le bon style de leadership, selon les différents contextes et situations.
Passons maintenant au golf!
Imaginez-vous un instant sur la pelouse d’un terrain de golf pour un parcours de 18 trous, tous situés de 275 à 525 mètres de distance du tertre de départ. Le principal objectif du jeu est d’atteindre un tout petit trou signalé par un drapeau, qui n’est pas toujours visible d’aussi loin. Mais ce n’est pas simplement en fixant la balle que le golfeur ou la golfeuse atteindra la cible. Il lui faudra plutôt regarder au loin, en direction du drapeau.
De la même manière, un leader n’atteindra pas son objectif s’il se focalise uniquement sur une partie de la réalité, sans faire preuve de vision. Golfeurs et leaders auront donc intérêt à mettre à profit leur sens de la perspective afin de se représenter une vue d’ensemble de la situation. Cette période d’analyse permettra de mieux définir les paramètres du parcours pour s’assurer d’avancer dans la bonne direction, en évitant les écueils (fosse de sable, herbe longue, etc.).
Dans le sport tout comme en gestion des organisations, esquisser les traits d’un espace-temps, c’est se donner des options et une marge de manœuvre pour corriger le tir et s’approcher des résultats souhaités. Cependant, le leadership ne se résume pas à sa simple manifestation. Comme mentionné en début d’article, l’adaptation du style de leadership aux caractéristiques de la situation est primordiale.
Le style de leadership est aussi important que le choix du bâton pour un golfeur. Tentez une minute de concevoir la joute d’une partie de golf avec un seul bâton, tel un cocheur d’approche ou un bois no 1. Dans le premier cas, approcher le drapeau vous prendra un temps fou. Dans le second cas, vous perdrez éventuellement toutes vos balles, compte tenu de la puissance du bâton.
De manière similaire, votre identité de leader ne se résume pas qu’à un style binaire : autoritaire ou emphatique. Dans le premier cas, bien qu’utile dans certains contextes d’urgence ou lors d’une situation requérant une rigueur extrême, ce style risque de jeter de l’huile sur le feu.
Prenons par exemple un employé qui vient de subir une blessure et qu’une partie de l’équipe se trouve en état de choc. Il ne sera alors pas temps de durcir le ton et d’être autoritaire, mais plutôt de faire preuve d’empathie (style partenaire), vu les circonstances. Cela dit, peut-être que réagir avec fermeté sera de mise après avoir pris connaissance des conclusions et des recommandations qui suivront l’enquête et l’analyse d’accident.
Dans le second cas, il ne sera pas opportun d’être empathique devant une situation où le risque s’avère imminent. L’occasion se prêtera davantage à un leadership affirmatif (style directif).
En d’autres contextes, il faut parfois opter pour une prise en charge en donnant l’exemple (style meneur d’allure). À ce chapitre, rien de pire que d’appliquer la loi du « faites ce que je dis, pas ce que je fais », en se présentant à l’usine ou au chantier sans ses équipements de protection individuels, entre autres, en exigeant par ailleurs que tous les portent.
Dans d’autres situations encore, notamment lors d’une rencontre du comité de SST, où l’expertise et l’expérience des autres comptent, il devient primordial de sonder l’opinion (style démocratique) de tout un chacun. Par moment, vient le temps d’encadrer les gens pour optimiser leurs compétences et les rendre plus autonomes. L’accompagnement (style coach) orientera alors favorablement les résultats. Enfin, pour inspirer et rehausser le degré de motivation (style visionnaire), pourquoi ne pas y ajouter un soupçon de charisme mobilisateur.
En conclusion, quand viendra le temps d’évaluer vos prestations, demandez-vous si vous avez utilisé le bon style pour la bonne situation organisationnelle. Au golf, votre sac peut contenir plus de 12 types de bâtons différents! Rappelez-vous ainsi qu’en matière de leadership, le mantra « je dirige, donc je suis » ne s’applique pas! Optez alors pour la polyvalence et choisissez soigneusement le style approprié.