Mot de la rédaction

Capter le plein potentiel de la formation en santé-sécurité

Par Jasmin Pilon

Hiver 2023-2024 (vol. 39, no 3)

L’édition hivernale de Convergence SST explore les multiples facettes de la formation en santé-sécurité. Les analyses et réflexions qu’elle contient vous permettront de mieux envisager ce rouage vital de la SST afin que vous puissiez maximiser son potentiel et profiter des effets escomptés.


Si vous vous intéressez à la santé-sécurité, il est fort à parier que vous mesurez à sa juste valeur l’importance de former les gestionnaires et les salariés à la prévention des lésions professionnelles. Mais, pour la forme, permettez-moi d’enfoncer à nouveau une porte ouverte en mentionnant quelques statistiques sur la protection du capital humain des organisations. 


Selon le Vérificateur général du Québec, chaque dollar investi en prévention permettrait d’éviter jusqu’à 10 dollars en charges (indemnisation et réadaptation) et en perte de productivité. Aux États-Unis, par exemple, les entreprises déboursent en moyenne 120 000 $ par accident professionnel. Sans même parler des effets désastreux pour la réputation et de la perte en qualité de vie des travailleuses et des travailleurs, et celle des membres de leur famille. 


A contrario, les études montrent que la formation (de tout type) des employés permet de fidéliser le personnel. Dans la même veine, la formation continue augmente les performances individuelles et collectives.  


L’article initial de ce numéro de Convergence SST est signé par Alain Tremblay. Ce dernier soulève les questions fondamentales que tout gestionnaire ou préventionniste doit se poser avant même de programmer une formation ou de concevoir un plan de formation. Il porte également un regard sur l’accompagnement et la rétention des acquis. Un débreffage postformation entre participants d’une même entreprise, par exemple, peut être des plus bénéfiques. En effet, décrire soi-même les notions apprises au moyen d’exemples personnels permettrait, entre autres, selon les chercheurs, de favoriser leur intégration. La nature humaine étant ce qu’elle est, nous perdons malheureusement en 24 heures une bonne partie des informations nous ayant été transmises. Pour cette raison, des séances dites de microapprentissage, en guise de rappel, même organisées de manière informelle, sont toujours opportunes.


Louise Neveu et Nadia Rabouin décrivent ensuite le b.a.-ba d’une formation en SST réussie en s’attardant à ses éléments fondamentaux : objectifs, qualité et pertinence des contenus, principes d’apprentissage, qualité des formateurs et des formatrices. Entre autres, elles évoquent l’importance de moments consacrés à la réflexion et aux discussions, fort appréciés des participants, qui aiment généralement mieux s’exprimer librement et de vive voix plutôt qu’au moyen d’outils plus contraignants, tels les forums de discussion ou les espaces de clavardage.  


Les organismes de compétence fédérale sont assujettis à une législation SST propre, dont la pièce maîtresse est le Code canadien du travail. Denis Dubreuil, spécialiste de la santé-sécurité en contexte fédéral et collaborateur au Centre patronal SST, présente pour sa part, par thème, les exigences de formation qui encadrent le travail des gestionnaires et responsables de ces organismes.


En novembre dernier, la CNESST a lancé la campagne de sensibilisation « Les risques pour la santé psychologique au travail, ce n’est pas de la fiction ». Il s’agit de l’une des nombreuses initiatives institutionnelles visant à endiguer les lésions professionnelles découlant du harcèlement. Me Sonia Kadi, dans son billet, rappelle à ce titre l’obligation pour les entreprises d’élaborer une politique interne vis-à-vis le harcèlement psychologique, et souligne l’importance de la formation et des procédures d’enquête.       


Lorena Fernández, quant à elle, décrit les avantages de prendre en considération les particularités de tous les types de travailleurs et de travailleuses pour que les formations en SST puissent enrichir l’ensemble des participants. Elle illustre notamment son propos à travers des exemples issus de son propre parcours de nouvelle arrivante.    


Le dernier article thématique de ce Convergence SST examine le passeport de prévention numérique progressivement mis en place par le gouvernement français afin de favoriser la formation en santé-sécurité. Le Québec pourrait-il, un jour, s’en inspirer? 


Enfin, Me Maryline Rosan revient sur un jugement de la Cour d’appel du Québec prononcé 11 ans après des faits de négligence criminelle ayant causé la mort d’un camionneur, et dégage les leçons à tirer de la clôture de ce dossier. 


Bonne lecture!

Jasmin PilonConseiller en communication

Jasmin Pilon s’intéresse particulièrement à la gestion stratégique de la communication et aux nouvelles technologies de la SST (EPI intelligents, robotique collaborative, cybersécurité, etc.), ainsi qu’aux enjeux qui les accompagnent. Il est titulaire d’une maîtrise en sciences de la communication et d’un baccalauréat en administration des affaires.