Mot de la rédaction

Redoubler d’efforts face aux violences en milieu de travail

Par Jasmin Pilon

Printemps 2024 (vol. 40, no 1)

Le présent numéro de Convergence SST examine différents aspects qui caractérisent la violence en milieu de travail. Les experts américains des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) divisent la violence au travail en quatre grandes catégories


  1. Commise par une personne sans lien direct avec la victime (une agression dans le stationnement, par exemple)
  2. Provenant d’un client ou d’un usager
  3. Entre travailleurs  
  4. Issue de relations personnelles (la violence conjugale qui s’invite au travail, par exemple)

Les textes compris dans cette édition touchent tous, à leur manière, à ces catégories. Ils donneront du grain à moudre aux dirigeants, aux gestionnaires et aux préventionnistes qui doivent protéger concrètement les salariés de tous les types de violence. 


L’article initial, rédigé par Me Régine Manacé, dissèque la toute récente Loi visant à prévenir et à combattre le harcèlement psychologique et la violence à caractère sexuel en milieu de travail. Sanctionnée en mars dernier, celle-ci vise entre autres à offrir un meilleur accompagnement aux victimes et, ultimement, à faire évoluer les mentalités, comme le précise Jean Boulet, ministre du Travail. Cette situation est des plus préoccupantes sachant qu’en 2020 près d’une personne sur deux au Québec avait affirmé avoir subi ou été récemment témoin d’un comportement sexualisé inapproprié au travail.


Alain Tremblay, quant à lui, examine la résolution de conflit en contexte professionnel – et les graves conséquences qui peuvent en découler –, de même que les rôles et les responsabilités des gestionnaires. Comme vous le constaterez, la gestion et la résolution de conflit sont deux notions bien différentes. Que ce soit par manque de moyens psychologiques et émotionnels, de temps ou d’intérêt, certains gestionnaires peinent en effet à assumer leur leadership à cet égard. D’ailleurs, près de 25 % des salariés croient que les situations conflictuelles, tels le harcèlement et les agressions, sont mises sous le boisseau dans leur organisation. 


L’âgisme constitue une forme de violence banalisée dans les milieux de travail, et plus largement dans la société. Lorena Fernández résume pour sa part les causes et les conséquences de ce phénomène à peu près inextricable. Étant trop souvent prisonnier de nos cadres mentaux et de notre subjectivité, il peut nous être extrêmement difficile de se départir de nos préjugés. Selon une enquête effectuée dans près de 60 pays, environ 50 % des personnes sondées auraient des attitudes modérément ou fortement âgistes. En outre, les femmes en seraient particulièrement victimes car, contrairement aux hommes, elles profiteraient beaucoup moins des perceptions favorables qui accompagnent l’expérience. Heureusement, prendre conscience des idées reçues qui nous animent constitue déjà un pas dans la bonne direction. 


Durant la pandémie de COVID-19, certains annonçaient la fin des bureaux à aires ouvertes, pour des raisons compréhensibles. Le retour au travail en format hybride et la volonté de réduire les espaces ont cependant changé la donne. Plusieurs ont alors perdu leur bureau individuel, et d’autres, l’espoir, un jour, d’y accéder. Un texte de ce numéro s’attarde, conséquemment, à l’une des tares des espaces décloisonnées : les (micro)agressions sonores.


Si vous lisez régulièrement cette rubrique, vous savez qu’elle contient d’ordinaire une bonne dose de statistiques SST. Or, pour cette thématique, nous avons choisi de consacrer un article à part entière aux données marquantes ayant trait à la violence en milieu de travail. Sans pour autant estimer que les statistiques représentent un horizon d’analyse indépassable, et malgré leurs limites occasionnelles (échantillon réduit, sous-déclarations, méthodologie parfois orientée, etc.), certaines données aident à synthétiser des réalités complexes, à établir des ordres de grandeur ou à observer l’évolution des tendances.  


Enfin, des billets traitant de la règlementation encadrant les organisations de compétence fédérale en matière de harcèlement et de violence, ainsi que des facteurs de risques de violences externes aux entreprises, complètent cette édition de Convergence SST.


Bonne lecture!

Jasmin PilonConseiller en communication

Jasmin Pilon s’intéresse particulièrement à la gestion stratégique de la communication et aux nouvelles technologies de la SST (EPI intelligents, robotique collaborative, cybersécurité, etc.), ainsi qu’aux enjeux qui les accompagnent. Il est titulaire d’une maîtrise en sciences de la communication et d’un baccalauréat en administration des affaires.